L'INDE

 

Jordi Rodríguez-Amat

 

 

Le 1er janvier 2005, je suis arrivé en Inde via Londres par curiosité de connaître un pays dont je connaissais l'essence, mais pas sa conscience. Dès mon arrivée, j'ai pu voir l'existence, connue plutôt que vécue, d'une civilisation complètement différente de celle de l'Occident. La physionomie des gens - peau foncée, cheveux noirs, yeux curieux et profonds -, l'agitation de la rue - les gens se déplaçant d'ici là, de là ici -, les bus, les pousse-pousse, plus tant et tant d'autres traits caractéristiques de ce pays, qui se sont tous soudainement présentés à moi. Il y avait tout ce que je ne pouvais que prévoir, et maintenant il était offert grand ouvert à mes yeux ; l'Inde, la vraie, pas la pâte à modeler, pas celle des cartes postales et les documentaires. Après avoir subi les premiers revers produits par les traits distinctifs du pays lui-même et résisté stoïquement aux impressions sensibles, soudaines et inattendues, je n'ai pas manqué de temps pour deviner qu'il serait très facile pour moi d'en tomber amoureux, comme celui qui, fou, mais avec continence, tombe amoureux intensément.

 

Les images et les connaissances non-expérientielles qui peuvent être acquises sur les choses, dans ce cas particulier d'un pays, ne permettent pas de couvrir les connaissances sensibles qui sont acquises grâce aux vibrations générées directement par les expériences personnelles. Ces connaissances sensibles et non-cognitives s'acquièrent, ou non, selon les intérêts personnels, et surtout selon les prédispositions de chaque individu avant de se confronter à la réalité qui les génèrent. Pendant les deux mois que j'y ai passés, et plus tard, j'ai essayé d'analyser les raisons par lesquelles ce pays produisait en moi une si grande estime et, en même temps, de si fortes vibrations sensibles.

 

L'Inde est un pays des pauvres, des nécessiteux, des mendiants, mais l'Inde est aussi un pays d'amour et de spiritualité. Un pays dans lequel la tolérance, le respect et la considération pour le nouveau venu permettent à l'esprit de toute personne capable de consentir aux traits qui le caractérisent de s'y développer. Encore loin du monde occidental, bien qu'en si rapprochant, l'Inde est un pays qui maintient la tradition séculaire de son histoire humaine. Un pays où la genèse de la spiritualité et de la pensée philosophique a commencé plusieurs siècles avant l'ère chrétienne. L'existence de ses dieux, respirés au fil des siècles et non encadrés et rigides, ainsi que la profondeur de ses penseurs, font de l'Inde un pays avec une longue tradition spirituelle et humaine.

 

La suggestion devient toujours un élément déterminant de notre prédisposition à accepter les faits et les choses qui, de façon attendue ou inattendue, émergent devant nous. C'est un stimulant crucial pour décider d'aimer ou de rejeter. Je dois avouer que ma prédisposition était absolue et cela m'a permis d'aimer un pays qui pour beaucoup d'autres visiteurs est sauvage et déprimant.

 

En Inde, les hommes et les femmes, jeunes et vieux, rayonnent d'humanité. Il est vrai que, en venant d'un monde occidental, opulent et riche, en atterrant soudainement en Inde, le contraste est absolu. Passer en quelques mètres, par conséquent en un temps physique relativement court, des plus beaux monuments créés par les êtres humains à la misère la plus absolue dans laquelle il est difficile d'y survivre produit un fort impact qui peut facilement prédisposer au rejet.

 

Aujourd'hui, quelques semaines après mon retour de l'Inde, permettez-moi de vous avouer que j'en suis amoureux. Je sais que les amours fluctuent, apparaissent et disparaissent. Mais il y en a qui gardent votre souffle vivant et durable. Et avec franchise et amitié, permettez-moi quelques conseils; si vous allez en Inde, négociez et priez, et si vous êtes pauvre, mendiez. Que la prière ne vous embarrasse pas. Débarrassez-vous de tout le matérialisme que le monde occidental a pu vous façonner. Abandonnez tout préjugé qui vous soumet à des intérêts matériels et libérez votre âme, en l'élevant dans les sphères de la plus haute spiritualité.

 

Et si vous vous sentez incapable de prier, croyez-moi, n'allez pas en Inde. Si vous ne voulez pas enlever le colorant avec lequel l'Occident vous a teint, croyez-moi, n'allez pas en Inde. Si vous ne vous sentez pas capable de sourire, n'allez pas en Inde. Et surtout, si vous ne voulez pas que la spiritualité influence votre esprit, croyez-moi, n’allez pas en Inde.

 

 

 

 

Villes sacrées

 

L'écho spirituel des gens a presque toujours été traduit dans des espaces sacrés à travers l'histoire, et il y en a beaucoup en Inde. Les éléments naturels deviennent ici des lieux de culte et de vénération : les montagnes, les arbres, les rivières, et même les villes sacrées. Avec Varanasi, Puri, Somnath, Ujjain et bien d'autres, Pushkar est l'une d'entre elles. Les eaux de son lac permettent l'ablution de milliers de pèlerins qui, année après année, s'en approchent pour la purification de leur âme. C'est là que Brahma, ayant créé Dieu et l'Univers, s'est ancré autour du lac sacré pour devenir éternel.

 

L'Inde est un pays éminemment végétarien, mais à Pushkar, l'interdiction de manger de la viande est absolue. L'interdiction ne se limite pas à la viande, mais s'étend à l'alcool et à tous les stupéfiants, drogues et tabac. Dans un grand poster ouvertement destiné aux touristes, j'ai pu lire, en plus de quelques astuces, certaines des interdictions qui s'imposent à tout le monde dans cette ville sacrée. L'affiche, rédigée en anglais, entre autres interdictions et recommandations, l'on peut lire : les drogues, l'alcool et la nourriture non-végétarienne sont strictement interdits. La photographie de pèlerins se baignant dans le lac sacré est strictement interdite. Les chaussures doivent être enlevées à 9 mètres des ghats de baignade du lac sacré. Ne vous embrassez pas en public et habillez-vous avec respect. Je dois dire qu'à part quelques touristes irrespectueux, très peu, tout le monde a observé ces règles et d'autres.

 

Dans cette ville, visiteurs et habitants découvrent, jour après jour, comment l'esprit se dilate et l'espace, imperceptible à l'un des cinq sens primaires, devient infini. Le temps jouit ici d'une température imprégnée d'humanité et, avec l'espace, forme une dualité cosmique. En Inde, le temps respire l'histoire et depuis le début de l'humanité forme un mariage parfait avec les dieux, car il est éternel et les dieux, bien que nés, sont immortels ; ce sont les seuls enfants de l'immortalité. Non seulement à Pushkar, mais partout, l'hindou fusionne le temps avec l'espace et ainsi pouvoir se communiquer avec les dieux.

 

Malgré la forte impulsion d'occidentalisation que subit l'Inde, les dieux ne veulent pas s'éloigner du peuple pour faire place à la modernisation et à Pushkar, sans être l'héritage privé de cette ville, on trouve des temples à chaque coin de rue. Il faut dire que, quels que soient les grands édifices sacrés et majestueux, créés par la puissance de l'esprit humain et trouvés partout, un temple peut être une simple image d'un dieu accroché à un mur, dans un coin de rue, en le linteau d'une porte, sous un balcon ou à tout autre endroit tel qu'un arbre sacré. N'importe quel endroit est bon pour un temple : maisons, magasins, devantures de bus, etc. Vous pouvez sentir l'odeur des fleurs et l'odeur piquante de l'encens partout. Et, devant, à côté de lui, en passant, à genoux ou assis sur ses jambes en état de méditation ou de prière, l'on trouve partout un homme ou une femme, jeune ou vieux, méditant ou priant, tandis que les senteurs de fleurs ou d'encens envahissent l'espace.

 

C'est dans cette ville que j'ai vu un temple curieux, très curieux : un cul-de-jatte, un homme sans jambes monté sur une planche de bois à quatre roues et devant lui, sur le même bois, la figure d'un dieu entouré de fleurs et d'encens en train de fumer. Les mains posées au sol, l'homme propulsait ce genre de scooter et se déplaçait en priant et mendiant, deux des occupations les plus courantes en Inde.

 

Dans cette ville, nous trouvons un mélange de personnes du monde entier, certaines fuyant l'Occident, d'autres à la recherche d'une spiritualité perdue ou jamais atteinte. Et parmi tout cela, le touriste, loin de toute recherche spirituelle, se déplace curieusement pour connaître ce monde comme un simple spectateur. À Pushkar, comme dans de nombreuses autres villes indiennes, plus que partout ailleurs dans le monde, le besoin de survivre adapte les espaces aux exigences du moment : des magasins, des restaurants, des hôtels et toutes sortes d'entreprises envahissent les rues. Quiconque, avec plus ou moins de capacités, essaie d'inventer son mode de vie. Vendeurs ambulants, mendiants, séducteurs, versets ou faux religieux vous offrant votre propre salut et celui de vos proches, tous, les uns et les autres, faisant de la spiritualité et du spectacle religieux un moyen de subsistance. Ces gens, bien que révélant un haut degré de spiritualité, essaient de vendre les produits touristiques avec un profit élevé, même avec ruse et tromperie : la religion et les affaires sont des entreprises complètement différentes les unes des autres. Ici, on ne peut pas évaluer la conscience de l'individu avec les mêmes paramètres que nous le ferions dans une autre culture ; survivre en Inde n'est pas accessible à tout le monde.

 

Et à côté de tout ce trafic, pèlerins et habitants, petits et grands, déploient leur spiritualité autour du lac sacré. S'y approcher sans enlever les chaussures est une offense des dieux. Les chaussures sont en contact avec les rues profanes et sales et un espace sacré ne peut pas être diffamé. Ainsi, après avoir enlevé vos chaussures et embarqué, descendu pieds nus, les escaliers qui entourent le lac, un pur spectacle visuel se présente à nos yeux : des centaines de pèlerins offrant leurs rituels religieux dans les eaux sacrées, pas déjà comme un simple acte d'expiation, mais plutôt comme une offrande qui permet de garder vivant le respect et l'amour de Dieu. Certains, après avoir offert une poignée de fleurs dans le lac, plongent tout leur corps dans l'eau, d'autres, en prenant l'eau avec leurs mains, la laissent tomber lentement comme s'il s'agissait d'une fontaine. Ils se mouillent le front et les yeux, dans une sorte d'auto-bénédiction. Il est très facile pour le spectateur avec un certain degré de sensibilité de ressentir de fortes vibrations dans ce lieu face à tant de spiritualité.

 

Sur mon chemin à travers l'Inde, je suis arrivé à Vanarasi. Ici, l'Inde profonde, authentique, séculière et vivante m'a été présentée dans sa plus grande sublimité. C'était dans cette ville aux bords du Gange quand, un beau matin, juste avant que les premières aurores interrompirent mon sommeil, une génération m'entoura, bougeant avec agitation, me poussant d'ici à là et de là d'ici, amortissant ma rationalité. Une fille passe, sourit, un pousse-pousse veut nous vendre son service, une femme aux mille couleurs, et plus, se couvre à moitié le visage d'un voile de soie rouge transparent, parsemé de broderies dorées. Soudain, le rêve s'est effondré et la lumière du premier matin a frappé à la porte de ma chambre entrouverte sur la terrasse qui s'ouvrait sur la rive gauche du Gange. C'étaient les premières étincelles de la journée qui m'offraient de rentrer dans les rues étroites du chowk, au bord de sa rivière, et de jouir partout dans la ville de mille et un sourires ; la ville consacrée à Shiva s'offrait exultant devant moi. Le désir battait dans mon cœur d'envie d'arriver à la fin de la journée et de m'entendre dire : les dieux m'ont à nouveau offert une journée admirable.

 

Le Chowk est un quartier animé de centaines de ruelles étroites et entrecroisées où les visiteurs sont désespérément perdus. Aucun type de véhicule, qu'il soit motorisé ou à traction animale ou humaine, ne peut y accéder. Seul le visiteur courageux entre pour y arriver et de là, le seul moyen de sortir est de suivre les instructions des habitants eux-mêmes. C'est un réel plaisir pour les sens de profiter de cet environnement sauvage, sombre et humide, où les humains vivent avec des vaches, des chèvres, des chiens et des rats grattant tout cela et ce coin ombragé rempli de déchets organiques et plus encore. Un espace que beaucoup trouveraient dégoûtant et sale et dont ils seraient sûrement chassés. Les odeurs et l'encens des centaines de temples qui s'y trouvent se mêlent à la puanteur dans un espace où le soleil est privé de son entrée et seulement dans quelques petits coins lui est permis de mettre le nez.

 

Tout le quartier est un grand bazar avec de très petites boutiques et où l'agitation règne d'un bout à l'autre. Des vendeurs de toutes sortes annoncent à haute voix leurs marchandises, et tout à coup, priant et prononçant des chants religieux, une chaîne de personnes apparaît à la suite de quatre hommes portant un palanquin, au-dessus duquel un cadavre enveloppé dans un linceul blanc et recouvert d'un autre rouge. Le palanquin est porté par les mêmes proches du défunt vers le manikarnika ghat, également connu sous le nom de ghat brûlant, lieu de crémations humaines, situé sur la rive gauche du Gange. Pour se rendre sur le lieu des crémations, il suffit de les suivre, ou de se laisser entraîner par l'odeur de viande rôtie qui envahit l'espace à notre approche.

 

Le bois pour les crémations ne peut y arriver par les rues étroites du Chowk et il le fait dans des bateaux au bord de la rivière. Les troncs sont placés sur des différentes couches, se croisant à fin de maintenir leur stabilité. Au sommet, est placé le mort bandé par le linceul et les proches eux-mêmes allument le tout, y mettant le feu. Dans cet endroit, où le feu ne semble pas s'éteindre depuis des milliers d'années, j'ai vu plus d'une douzaine de feux brûler à la fois. La quantité et la qualité du bois dépendent de la capacité économique des proches du défunt, mais, quel que soit l'un ou l'autre, une fois le bois brûlé, les cendres, avec les restes du corps mal consommés, sont jetées dans la rivière. Après avoir extrait les éventuelles pièces d'or, bijoux et ou dents, qui auraient pu lui être laissées aux morts. J'ai vu des restes humains, des crânes, des os et des viscères, mal brûlés flottant au bord de la rivière, attendant que les rapaces finissent le travail mal achevé par le feu. Et au milieu de ce spectacle baignant tout l'espace, surtout au crépuscule, des gens se déplaçant transportant du bois et construisant le tabernacle de la mort. Par tout l'on trouve les parents, des vaches, des chiens et des curieux essayant de soustraire aux touristes de l'argent, prenant le profit de l'effervescence engendrée par ce spectacle dantesque.

 

L'Hindou croit qu'avec la crémation, les éléments dans lesquels le corps est composé sont reconstitués par l'effet du feu, et ainsi son corps est purifié afin d'accéder au nirvana. Dans les immeubles voisins et dans les rues proches de cet endroit, des malheureux, misérables démunis et en phase terminale, allongés sur le sol ou sur des couchettes, attendent leur tour pour pouvoir se libérer du cycle des réincarnations. Et non loin de cet endroit, avec une vache morte et puante au milieu de la rivière, des gens se baignent pour accéder à la purification par ablution. Avec des excréments et toutes sortes de saletés flottant sur la rivière, j'ai vu des gens, sans appréhension ni dégoût, en boire de l'eau, accomplissant ainsi le rituel sacré.

 

Les ablutions d'eau sacrée sont l'un des grands rituels religieux en Inde, et le Ganga, le fleuve le plus sacré de l'hindouisme et certainement du monde, passe par Varanasi. C'est là que les hommes et les femmes de tous âges se réunissent à toute heure du jour et de la nuit pour satisfaire l'Ascension sacrée. Selon la secte, ou les coutumes locales, régionales ou autres, l'hindou effectue généralement les ablutions cinq fois par jour. Le plus important est celui qui a lieu aux petites heures du matin, juste avant le lever du soleil. Malgré de petites différences, le rituel se satisfait en se plongeant jusqu'à cinq fois dans les eaux et en prononçant le mantra correspondant. Le mantra peut être prononcé en silence comme une pensée ou prononcé à haute voix, en parlant ou en chantant.

 

Une nuit, quelques jours après mon arrivée à Varanasi, deux ou trois heures du matin, une voix, puissante et mélodique à la fois, me réveilla. Je suis sorti sur la terrasse ouverte au-dessus du Gange et, juste en dessous de moi, un homme se baignait complètement nu. En faisant des gestes et les bras levés, il chantait à sa guise. La lune, en forme de faucille, encore, se reflétait sur les eaux calmes du fleuve. Pendant un moment, ce fut à mon tour de me sentir le dieu Shiva profiter de la plénitude de ce spectacle.

 

Le Dasashwamedh Ghat, centre de la vie religieuse à Varanasi, est le lieu où se déroulent toutes sortes de rituels et de cérémonies religieuses à toute heure du jour ou de la nuit, en plus d'être le centre névralgique de la ville. Après le mariage, les mariés, riches, peu nombreux comme il n'y en a pas beaucoup, et pauvres, il y en a beaucoup, s'approchent du fleuve pour présenter toutes sortes d'offrandes et, assistés d'un officiant, demandent la bénédiction. Dans cet endroit, se trouvent de nombreux gourous qui, assis sur leurs divans et sous un grand parasol, attendent le dévot pour lui administrer les enseignements et les directives de sa direction spirituelle. Et au milieu de tout cela, nous trouvons une grande génération ; démunis, mendiants, hommes et femmes, jeunes et vieux, vendeurs de tout et plus, barbiers travaillant assis par terre ou s'offrant leurs services les uns aux autres, tremblant corps et âme, et entourés de vaches ronflantes et féroces à la fois. C'est à cet endroit que j'ai vu un homme sans jambes et une vache manger dans la même assiette. Je ne sais pas si l'homme, vu l'aspect sacré de l'animal, n'a pas osé le chasser, ou accepté pleinement sa complicité.

 

Je ne sais pas si ma perception était une réalité sensorielle ou une simple suggestion personnelle, mais Varanasi, malgré le grand trafic de personnes, de véhicules et d'animaux de toutes sortes qui remplissent les rues et les places, s'est présenté à moi dans un état de paix absolu. La spiritualité est partout, là et, au crépuscule, quand les lampes sont allumées par milliers et que les lumières conspirent avec les ombres à l'heure basse, la musique et les rythmes, les chants et les prières, forts et silencieux, émergent du ventre de la ville pour, juste à côté du Gange, réveillez Shiva avec l'un des rituels religieux les plus sincères que l'on puisse offrir à une rivière et que j'ai personnellement pu contempler de mes propres yeux.

 

 

 

La femme

 

L'un des grands charmes offerts ouvertement aux visiteurs de ce pays, ce sont les femmes. La couleur de la peau contrastant avec les saris qui savent porter majestueusement, les physionomies aux expressions rieuses et, surtout, les yeux, tous deux deviennent des éléments enrichissants de sensations perçues par le visiteur qui pénètre par n'importe quelle rue, de n'importe quelle ville de ce pays.

 

Pas toutes les femmes en Inde vous regardent droit dans les yeux, mais si elles le font, vous découvrez l'éclat de l'innocence. L'éclat des yeux d'une femme hindoue reflète l'odeur de tout l'Orient. Et si vous tombez souvent sur le regard furtif d'une jolie fille avec des boucles d'oreilles et un collier en or, elle vous offre, lèvres violettes, un petit sourire captivant. Je réponds avec un autre sourire, gentil et charmant. Elle est hindoue, nullement musulmane. Vous le reconnaissez à l'éclat de ses yeux et à la longueur de son sourire. Les filles musulmanes en Inde, et certainement partout ailleurs dans le monde, sont reprochées et une fois qu'elles approchent ou ont atteint l'état du mariage, le monde disparaît de leurs yeux et, bien que pas toujours en Inde, les couleurs de leurs saris se tachent de ténèbres.

 

Ici, la femme, délicate dans son comportement, excelle dans les ornements et l'attractivité. Les bijoux ornent tout son corps ; bagues - mains et pieds -, bracelets, plus il y en a, mieux c'est. Je les ai vus les bras couverts ; des bracelets - poignets et chevilles -, des colliers, surtout, des boucles d'oreilles, et même sur le nez, à travers la poche nasale gauche, une grande bague en or, parfois un simple point d'or, d'autres, nouée avec les boucles d'oreilles par une chaîne en or. Une femme hindoue a besoin de la beauté des bijoux pour amortir les siens.

 

Elle s'habille avec élégance et sait bouger son corps avec sagesse et délicatesse et sa sensibilité, toujours empreinte d'ingéniosité, lui permet de porter le sari avec un raffinement exquis. Pleins d'exubérances chromatiques - vert, bleu, rouge ... - et brodés d'infinies formes pavées de paillettes, les saris brillent au soleil de leurs vocations chromatiques, remplissant les espaces de lumière et de couleur. Les femmes indiennes sont rarement vues seules dans la rue, presque toujours accompagnées d'une autre ou en petits ou grands groupes, qui composent une belle symphonie chromatique, un pur plaisir pour les yeux. Mais parfois, coïncidant avec une fête, elle perd sa modestie et libère son sourire. Puis l'exultation l'envahit et sa voix et son état d'esprit sont remplis d'euphorie et de joie.

 

La couleur foncée de la peau, associée à des cheveux longs, pas toujours lâches, se combine à l'ensemble pour former un corps élancé et charmant. C'est un stimulant pour les yeux de voir une fille indienne se laver les cheveux. Une fois propres, elle les sèche au soleil en les caressant avec ses mains et en secouant la tête brusquement, maintenant en avant, maintenant en arrière, les faisant voler au vent.

 

Dans ce pays, la femme est toujours candide, agréable et a de beaux yeux dilatés. Afin d'accentuer encore plus leur beauté, elle les encadre de bleu, offrant un regard pénétrant et instigateur : regardez-moi!. Ne suis pas jolie ? Et si vous lui montrez l'appareil photo pour lui faire une photo, elle sourit timidement. Alors c'est à vous de prendre la décision, et si vous l’osez, vous aurez le plaisir de prendre son image avec vous.

 

Un de ces jours où les dieux offrent ouvertement une journée splendide, en marchant dans une rue de n'importe quelle ville de l'Inde, j'ai vu une femme avec un petit-enfant dans ses bras à côté d'une jeune fille. Joyeusement et en un anglais clairement prononcé, elle a dit qu'elle est grand-mère, tandis que la plénitude de son sourire s’était révélée à moi. Instinctivement et en regardant la fille à côté d'elle, j'ai répondu : vous avez une très belle fille, elles m'ont toutes deux donné leur satisfaction. En Inde, ces cadeaux et d'autres vous ravissent et vous remplissent constamment de joie et de plaisir.

 

 

 

Religion

 

Ce n'est un secret pour personne que l'Inde est un pays extraordinairement religieux. Il est difficile de rester passif face à cette réalité. Ce fait m'a permis de réfléchir à certains aspects du moi en tant qu'individu. Depuis soixante ans, j'ai vécu dans un monde éloigné de toute spiritualité religieuse. Mon agnosticisme, et non pas le scepticisme, généré par des expériences personnelles qui ne s'appliquent à aucun autre individu, ne m'a permis d'aborder aucune sorte de sentiment religieux. Je ne peux pas croire en un dieu. Aucun dieu ne m'est offert et aucun dieu ne peut remplir mon esprit. Si je vous disais que j'y crois, je serais un hypocrite absolu. Mon esprit, mon individualité, ma conformation en tant qu'individu ne me le permettent pas. Je ne vous dis pas que vous n'y croyez pas, en tout cas, je dois vous dire que je ne comprends pas. Ces paroles peuvent vous surprendre, surtout si vous pensez que je vous ai conseillé plus haut que si vous allez en Inde, priez. Il peut même sembler qu'il y a une contradiction absolue, cependant, là, je comprends la prière comme une manifestation personnelle très éloignée de toute croyance fondée sur la foi; on peut prier en satisfaisant un certain espace sensible de l'individu lui-même. Cette prière doit être comprise comme un hymne, une manifestation de joie, un chant à la vie dans un moment d'exultation personnelle. Est-il possible de ne pas croire à l'art et de continuer à peindre? Je peux vous dire que la peinture ne nécessite pas nécessairement de l'art. Nous entrerions ici dans une dynamique de raisonnement qui nous éloignerait des réflexions que le haut degré de spiritualité de ce pays m'a permis. Je comprends même qu'on ne puisse pas croire en un dieu et profiter pleinement d'offrir un rituel religieux, par exemple, à une rivière qui le représente. L'acte de prier peut, à mon avis, être libre d'une croyance rationnelle en un dieu tout-puissant. Même le concept de religiosité peut être exempté d'une foi aveugle en un être aux pouvoirs plus ou moins absolus.

 

À Varanasi, j'ai pu apprécier la prière. Sur les rives du Gange, tous les jours, juste après le coucher du soleil, un grand groupe de personnes se rassemble pour satisfaire l'esprit dans un spectacle sublime: la Puja. C'est un rituel religieux, un culte du Gange, une offrande célébrée par cinq prêtres ou plus, entourés d'une foule de gens offrant à la rivière lumière, eau, feu, air et encens, accompagnés par le son des cloches, des timbales et des chansons religieuses. Personne ne peut rester passif face à ce rituel, un rituel qui ne peut jamais être compris comme un simple spectacle théâtral. La perception des vibrations émises par la foule face aux expériences qui se produisent lors de la cérémonie élève l'état émotionnel de la personne à des niveaux sans précédent. Je dois avouer que ma prière a été absolument accomplie au niveau sensoriel. Shiva est le dieu à qui le rituel est offert à travers le Gange, mais à aucun moment l'idée d'offrir à une divinité, à un créateur aux pouvoirs supérieurs et omnipotents, ne m'a traversé l'esprit. Ce sont les états d'esprit créés par tout ce qui se passe là-bas qui m'ont porté à des états personnels de complaisance absolue. La prière ainsi comprise n'est pas définie comme une supplication ou une imploration d'une concession particulière. La prière peut être un chant de joie, la manifestation de valeurs spirituelles qui peuvent parfois imprégner l'esprit de l'individu.

 

Contrairement au monde occidental, la religion en Inde devient plus nécessaire que tout autre type de nourriture. D'un point de vue étranger, j'ai pu découvrir le monde spirituel, profondément sincère, sans hypocrisie ni vanité qui y règne. Un monde dans lequel l'hindou a trouvé l'espace spirituel qui lui permet de rêver à la vie éternelle à travers le désir d'interdire les réincarnations maudites. Cette spiritualité fait partie de leurs essences en tant qu'individus et la religion devient innée avec cette société. Une société dans laquelle les coutumes, légendes et superstitions, entre autres, se mêlent à la religion et impriment de nombreux aspects de la vie domestique.

 

La philosophie sous laquelle l'hindou fonde son existence tend à atteindre le bien-être personnel de l'individu par l'équilibre, non seulement avec l'environnement, mais avec lui-même. Et le Nyaya, l'un des Darsanes qui interprète la Réalité Ultime, guide la personne afin d'atteindre le salut et la liberté dans la réalisation finale de l'existence. Comprendre la vraie nature des choses est le moyen de briser la chaîne séculaire des larmes et des dommages qui s'abattent sur les êtres humains et ainsi pouvoir valoriser le plaisir et le mécontentement pour parvenir à l'élimination de tout désir qui stimule l'action de l'individu, se terminant par ce moyen avec la chaîne continue de réincarnations qui permet d'atteindre la magnifique fin de vie.

 

Et ce pays de constitution laïque et de religions dynamiques, non seulement l'hindouisme, bien qu'elle soit la plus répandue, mais accueille l'islam, le bouddhisme, le sikhisme, le christianisme, le jaïnisme, et même le Parsis, une minorité héritière des adeptes de Zaratrusta de Perse, ancrée depuis de nombreux siècles dans la région de Bombay. Ici, contrairement à d'autres pays, le respect des adeptes d'autres religions est absolu.

 

En Occident, l'homme s'est éloigné et s'éloigne de plus en plus des sentiments religieux considérés par beaucoup comme superflus et propres aux sociétés primitives. En ce sens, je suis un occidental et, bien que je ne puisse pas être d'accord avec les sentiments et les attitudes de ce peuple, j'admire et respecte ces croyants, capables de sentir, face à une image de bois, de pierre ou simplement imprimée sur une feuille de papier, un sentiment religieux. J'ai été fasciné par le dévouement de ces hommes et femmes, et j'ai apprécié leurs rituels religieux, mais jamais par la croyance en un dieu comme eux. Mes perceptions ont été liées aux formes, aux images, aux odeurs, aux couleurs et à la musique entourant l'extraordinaire beauté plastique des cérémonies religieuses dans ce pays.

 

Alors que les espaces intérieurs de connaissance et de sensibilité que les individus atteignent ne nous permettent pas de nous libérer de notre essence humaine, je voudrais utiliser la fiction pour opposer les réflexions entre un croyant et un agnostique. Alors permettez ce jeu absurde et gratuit.

 

Comme être humain, je demande en tant qu'agnostique, peut-il y avoir des attitudes et des comportements qui ne sont pas dominés par le raisonnement cérébral? Comment un être pensant peut-il atteindre une conviction religieuse et une croyance en des états et des êtres purement fictifs créés par l'imagination humaine? À quoi sert pour un être humain de ne pas abandonner l'état animal irrationnel et ne pas utiliser la raison dans toutes ses actions? Il y a cependant, me dira-t-on, et je l'accepte pleinement, une connaissance qui ne dépend pas de la rationalité et qui permet à l'être humain de se libérer de la simple rationalité pour accéder à des valeurs inaccessibles par toute sorte de réflexion cérébrale. Vous ne pouvez pas le prouver, dira l'incroyant, car ce n'est que par suggestion que ce genre de condamnation peut être atteint. Les stimuli suggestifs incitent toujours à la conviction des faits incontrôlables par la raison. Et les attitudes du croyant, comme celle de tout individu, ne sont rien de plus que le produit d'une éducation et de l'influence de l'environnement où il s'est développé.

 

Il est clair que nous ouvrons les yeux et voyons tout ce qui se trouve devant nous. De toute évidence, les humains ne l'ont pas créé. Clairement, le monde et l'univers doivent être un produit de quelque chose, si nous réfléchissons selon les paramètres de notre raisonnement. J'ai dit un produit de quelque chose et non pas de quelqu'un parce que je ne peux pas donner une forme humaine ou animale à ce quelque chose. De plus, nous ne savons pas s'il existe d'autres types de raisonnement ou d'actions qui nous sont privés. Mais il est également clair que cette même incapacité ne nous permet pas de savoir et nous devons être humbles et accepter que, même si quelque chose peut ou, si vous voulez, quelque chose doit exister, nous ne pourrons jamais le comprendre moyennement nos capacités. Et si nous voulons imaginer un être capable de posséder des pouvoirs divins, nous l'imaginerons selon un système de raisonnement insignifiant, le nôtre, absolument limité et, la seule chose que nous pouvons faire est d'en créer, pardonner les mots, des poupées et leur donner des pouvoirs absolus. On a également pris des personnages historiques, dans le cas du christianisme, ou légendaires dans d'autres religions, et les ont façonnés avec des capacités supérieures aux nôtres.

 

Une question que nous pouvons nous poser est la suivante: comment se fait-il qu'il y ait autant de croyants dans certains pays mais pas dans d'autres? Pourquoi la spiritualité d'autres pays moins avancés technologiquement a-t-elle été perdue dans les pays occidentaux? Ce n'est pas une pure perception la mienne. La réalité confirme cette affirmation. La science, la technologie, les découvertes, bien que minimes face à l'immensité de l'univers, éloignent l'homme de toute spiritualité, et l'Occident suit inévitablement cette voie.

 

Face à cette réalité, je dois affirmer que les capacités des êtres humains, qu'elles soient cérébrales ou sensibles, ne suffisent pas pour atteindre une quelconque connaissance absolue. La connaissance absolue est privée à l'être humain.

 

Les religions ont permis à de nombreuses personnes tout au long de l'existence humaine d'atteindre des états personnels de paix et de complaisance. Nous sommes tous le produit de facteurs culturels, éducatifs, sociaux, génétiques et autres qui nous ont façonnés en créant notre essence individuelle. Nous ne pouvons pas nous débarrasser de ces facteurs, que cela nous plaise ou non. Ne nous laissons pas tromper et acceptons notre incapacité à aller au-delà de ce que notre essence humaine nous permet.

 

La religion, la foi, la croyance aux divinités ont eu pendant de très nombreux siècles une fonction concrète dans les sociétés et dans l'humanité elle-même, mais depuis quelle heure, l'homme a-t-il pu se libérer de la condition animale irrationnelle et accéder à des espaces rationnels et surtout sensibles pour créer des principes religieux capables de satisfaire tant et tant des croyants ?

 

C’est la peur à la fin de l’existence propre à chaque individu, et à la mort à laquelle nous sommes condamnés, qui a engendré la création d’un être suprême capable d’accorder une vie au-delà du terrestre? Le croyant a peur. Il a peur de la mort et s'accroche fortement à une idée: le salut de son âme, car son corps sera détruit et il ne veut pas accepter qu'il n'y ait rien après la mort. Le corps se détruit naturellement après la mort ou reste inanimé en raison des effets de l'embaumement. En aucun cas, l'homme ne peut empêcher la disparition de la vie de son corps. Face à cette réalité, de nombreuses religions ont imaginé des formes célestes pour renforcer la foi et ainsi alléger le chemin terrestre des êtres humains. Ce fait n'est pas exclusif à la religion chrétienne. Ainsi, pour calmer son esprit, l'homme a inventé la vie éternelle au-delà de la mort avec une résurrection de l'âme. Il n'a pas peur de perdre son corps s'il retient le souffle vital de son esprit. Si nous passons en revue l'histoire de l'humanité, nous pouvons facilement voir que l'homme a créé toutes sortes de réflexions et de pensées religieuses afin de se libérer de la peur de la mort absolue. Réfléchissez un instant à la raison pour laquelle les grandes tombes égyptiennes ont été construites.

 

Afin de ne pas permettre la destruction absolue et à jamais de l'être humain, l'hindouisme, le bouddhisme et soi-disant autres religions que je ne connais pas, sont allés plus loin, créant la réincarnation dans un nouveau corps, et ainsi commencer un nouveau cycle pour permettre à un moment ou à un autre d'atteindre le nirvana, une condition qui permet à l'âme de se libérer des passions et des souffrances en lui donnant le bonheur éternel. Le christianisme, moins condescendant, ne permet pas cette nouvelle opportunité et punit irrémédiablement le pécheur dans le feu éternel, ne libérant que ceux qui ont scrupuleusement suivi leurs doctrines spirituelles ou ceux qui à un moment ou à un autre se sont repentis sous la confession d'avoir offensé Dieu avec des comportements pécheurs, selon les lois divines rédigées par les institutions elles-mêmes, mais toujours avec l'inspiration divine.

 

En Occident, beaucoup considèrent la spiritualité des institutions religieuses et des sectes comme inséparables. Il y a aussi ceux qui croient que les églises ne peuvent pas avoir de structures sectaires. Ils peuvent même ne pas penser que les hiérarchies religieuses peuvent avoir le même caractère que tout autre type de hiérarchie. Pour la plupart, les hiérarchies ont été et sont dictatoriales, rigides dans le contenu et les applications de leurs dogmes ou principes, et les religions, fondées sur des principes plus ou moins humanitaires, ont été structurées comme toute autre organisation créée en ayant pour but d'établir des mécanismes de fonctionnement et, par extension, de contrôle de la propre organisation. Ainsi, les religions ont été dominées par des institutions qui, agissant de manière dictatoriale, ont dans de nombreux cas subjugué ceux qui s'opposaient à l'assujettissement de leurs impératifs. Il ne faut pas non plus oublier que les institutions religieuses sont et ont été créées par les hommes et ont utilisé, entre autres, la peur qui enivre les êtres humains pour les dominer, faisant un usage ostensible du pouvoir que cela leur confère.

 

Permettez-moi encore une autre pensée. Dans de nombreux moments historiques, les institutions religieuses ont conspiré avec la politique et la société pour avoir plus de pouvoir et finalement plus de contrôle sur une société. Les pouvoirs politiques, connaissant les instruments utilisés par les institutions religieuses et celles-ci, conscients de la force généralement militaire des autres, même aujourd'hui économique, se sont organisés pour renforcer et maintenir leurs pouvoirs, souvent oppressifs. Ainsi, tout au long de l'histoire, de grandes architectures sociales basées sur les religions se sont formées lesquelles les ont façonnées dans le caractère et la forme des institutions religieuses elles-mêmes. Ces dernières réflexions m'amènent à quelques questions ; une société, peut-elle exister sans aucune structure religieuse? et peut-il y avoir une religion sans aucune structure organisationnelle?

 

Néanmoins, permettez-moi de me présenter comme le propre défenseur du diable par le diable. Les religions, n'ont-elles pas été la genèse de tant d'œuvres d'art? Il est clair que l'art, tel que nous le comprenons aujourd'hui dans une perspective historique, a créé de nombreuses œuvres artistiques.

 

La foi n'a aucune explication rationnelle possible. La foi est une étape entre l'homme primitif proche du sauvage et l'homme dominé par la réflexion intellectuelle et moi, comme tout autre être humain, j'aurai vécu et mort avec toutes mes vertus et mes défauts, impuissant face à l'impossibilité de connaître ce qui est au-delà. Toutes mes réflexions sur la vie et la mort, sur l'avant et l'après, sur Dieu et sur l'univers ne sont rien d'autre qu'une tentative de connaître le monde, l'être humain et, finalement, l'existence de soi-même. Ce sont des réflexions qui ne peuvent jamais nous libérer de nos attributs humains, même si j'aimerais connaître, avec des capacités et des pouvoirs absolus, une réalité au-delà de l'humain. Il faut la résignation pour accepter notre incapacité à nous surpasser. Je suis et serai humain et cela me prive d'être Dieu.

 

Nous avons créé le concept de Dieu, en lui atribuant tous les pouvoirs que notre esprit peut imaginer, mais notre limitation nous prive de connaître et de comprendre d'autres niveaux de concepts et de réflexions dont nous ne pouvons même pas connaître leur existence. Quoi qu'il en soit, nous nous demandons toujours ce que s'est Dieu? D'où venons-nous? Que sommes-nous? Pourquoi vivons-nous? Et tout ce que nous avons pu faire pour répondre à ces questions et d'autres qui ont enivré les êtres humains depuis le moment où l'homme a accédé aux capacités rationnelles, c'est de réflexir avec plus ou moins d'imagination.

 

Je voudrais me mettre dans la peau d'un croyant sincère pour pouvoir utiliser sa vibration spirituelle et en même temps réfléchir sur le contenu de sa religiosité. Ce n'est pas possible. On nous a toujours dit que la foi ne peut être expliquée par des moyens rationnels et donc aucune réflexion n'est possible.

 

Qu'est-ce que la religion? Quelle motivation les êtres humains avaient-ils à l'origine pour créer les dieux et par conséquent établir des institutions religieuses avec toutes leurs hiérarchies et tous les principes dogmatiques? L'évolution de l'espèce est aujourd'hui absolument prouvée. À quel point l'homme établit-il le besoin d'imaginer des êtres surnaturels, supérieurs à lui, la cause de la création du ciel et de la terre, voire de l'univers lui-même? N'est-ce pas l'être humain avec toutes ses vertus et ses défauts qui a établi, non pas seulement les idées, mais les structures mêmes des institutions religieuses? Les religions ont été et continuent aujourd'hui à être des sources de fanatisme et d'intolérance. Y a-t-il une religion qui n'a pas établi de hiérarchies avec des pouvoirs de contrôle et en même temps des déterminants du comportement humain? Beaucoup de ces institutions sont même devenues assoiffées de sang. La religion musulmane a été et continue d'être une source de fanatisme et de destruction aujourd'hui. Sans aller plus loin et sans passer en revue l'histoire du christianisme, combien et combien d'exemples pouvons-nous donner des actions cruelles et barbares avec des impositions qui génèrent des crimes de sang même monstrueux commis par les églises pour la cause et les intérêts des personnes ou des institutions elles-mêmes?

 

Si un individu est né dans un endroit musulman, il sera presque certainement musulman, si, au contraire il est né dans un milieu hindou, il sera hindou. Combien de fois ai-je entendu dire qu'une telle religion est vraie et qu'une telle autre religion ne l'est pas. Aujourd'hui, tout en s'adaptant aux changements sociaux, scientifiques et technologiques, et surtout après que les médias et les vitesses permettent de réduire les distances physiques et de rapprocher les individus, en plus du développement des capacités de réflexion des masses sociales. On nous dit que la vérité ne dépend pas de la religion. N'est-ce pas que la capacité de réflexion et par conséquent de critique atteint des niveaux élevés de liberté de pensée et contre lesquels les institutions doivent créer des discours condescendants qui leur permettent de se réfugier face à d'éventuelles critiques et aliénations des masses?

 

Pourquoi les sociétés techniquement avancées s'éloignent-elles de plus en plus des croyances religieuses? Qu'est-ce que la religion? La religion n'est rien de plus qu'une agglomération de croyances, de rituels, de désirs, d'espoirs et de recherches d'êtres dotés de capacités plus élevées qui peuvent atténuer le découragement et les craintes des individus.

 

Malgré ces réflexions, ma propension à reconnaître dans un premier temps la religiosité et le haut degré de spiritualité du peuple indien était absolue, ce qui me permettait non pas une identification, mais l'admiration totale d'une religion pleine d'humanité. Que ce soit pour une raison ou une autre, je dois affirmer sans aucun euphémisme que les impressions vécues en Inde autour de la religion étaient très fortes et m'ont permis d'observer et de réfléchir sur le comportement des êtres humains.

 

L'hindouisme n'est pas seulement une religion au sens strict du terme. L'hindouisme s'éloigne des structures institutionnelles qui régissent de nombreuses religions pour devenir un mode de vie, une attitude qui vous permet d'affronter le voyage terrestre avec joie et bonheur. L'hindouisme donne à la personne la liberté absolue d'organiser sa structure religieuse, d'accéder à tel ou tel Dieu et d'organiser ses propres rituels avec une liberté absolue.

 

L'homme naît innocent et la société lui fait du mal. C'est un fait assumé par de nombreux penseurs, malgré les transmissions héréditaires présumées du caractère et d'autres traits particuliers des individus; les adeptes des réincarnations le célèbrent ici. Que l'homme soit né bon, bien qu'il soit potentiellement mauvais, ou dès le moment même de la naissance, le mal l'entraîne vers le bas, il ne peut jamais y avoir de structure sociale égalitaire et parfaite. Il ne peut jamais y avoir de forme de société statique et éternelle. L'homme, comme la nature, est ou devient imparfait, de même que tout type d'organisation qu'il crée. Il y a un équilibre naturel, pas juste, sous lequel l'être humain et tout ce qui s'organise autour de lui est maintenu ponctuellement, de la même manière qu'un équilibre est maintenu dans la nature elle-même.

 

Les structures sociales, politiques, religieuses, économiques et humaines restent sous des formes de pouvoir. Ce sont les hiérarchies qui organisent tout type de structure sociale. L'équilibre est atteint à certains moments et l'existence d'une même structure évolue vers de nouvelles formes de pouvoir. Les révolutions, et pas seulement sociales ou politiques, forment une nouvelle structure qui s'appuiera inévitablement sur de nouvelles formes de pouvoir, pour, une fois de plus, entamer un nouveau cycle.

 

De cette manière, l'homme devient esclave de lui-même ou des structures créées par lui. L'esclave a été considéré à de nombreux moments de l'histoire comme un homme qui n'est pas libre et dépendant d'un autre. Mais l'homme d'aujourd'hui est-il libre? Et je ne parle pas de la liberté privée des êtres humains par leur propre condition. Quelle liberté a un être humain dans une société comme la nôtre? Regardez autour de vous et dites-moi combien d'hommes libres voyez-vous? Selon votre conception de la liberté, vous pouvez m'en dire beaucoup. Et la question: tel ou tel être humain est-il libre de quitter son emploi? Certains sont riches! Et l'obligation personnelle de maintenir leur fortune? La fortune, leur permet-elle d'être libre? L'être humain est-il libre de la relation avec son partenaire? De son statut de paternité ou de maternité? De son économie? Et si nous entrons dans le champ de l'individu en tant que tel, est-il libre de sa folie, de sa pensée, de son propre corps? J'ai dit une fois que si je n'étais pas humain, je serais libre. Après des siècles de gloire, de misère et de frustration, l'homme n'est toujours pas libre. Heureusement, je ne suis pas libre non plus, autrement, je serait Dieu ou un monstre.

 

 

 

Les mendiants

 

Je ne peux pas dire que j'aimerais être un mendiant. Si je le disais, je ne serais qu'un hypocrite. Mais je peux dire que mon désir de savoir, d'expérimenter, de savoir, m'amène à penser que j'aimerais être un moment dans la peau d'un mendiant. Juste le temps pour pouvoir acquérir ses connaissances. Je ne veux pas dire une connaissance supérieure, culturelle, scientifique ou autre, mais sa connaissance de la mendicité. Pouvoir sonder leurs expériences personnelles, leurs désirs, leurs amours et leurs haines. Sa vie dans la société qui l'avale et le maltraite, étant capable de ressentir le besoin de capturer pour survivre et ainsi réaliser une expérience que je n'ai pas.

 

Je sais que ces réflexions sont purement fictives, car si je décidais de me caractériser comme un mendiant et de sortir dans les rues pour mendier, il y aurait derrière moi une autre personnalité. Ce serait le pur plaisir de l'action théâtrale en face au monde.

 

Nos individualités ne sont transférables à personne d'autre, tout comme celle d'un mendiant. Je ne pense pas, en revanche, que sa personnalité et son idiosyncrasie lui aient permis, ni moi non plus, d'établir un dialogue qui me permettrait d'accéder à la connaissance de ses connaissances. Sa personne et ses caractéristiques ne lui permettent pas d'établir un dialogue ouvert avec moi, car il ne peut pas se libérer de sa structure personnelle. Il ne peut pas transmettre ses connaissances par manque de connaissance objective de sa propre essence de mendiant.

 

En Inde, il faut toujours marchander. Même les mendiants marchandent. Lorsqu'un mendiant s'approche de vous, il vous demande toujours quelques roupies. Lorsqu'il se rend compte que vous ne lui faites pas attention, il commence à réduire sa demande; j'ai faim, pour ma fille ... et avec sa main devant sa bouche, il vous montre l'acte de manger. Dix roupies, cinq, deux ..... De toute façon, c'est vous qui décidez quand mettre la main dans votre poche et faire le geste, évidemment si vous en avez envie, ou si vous pensez devoir le faire. Bien qu'avec de la bonne volonté, nous ne pouvons pas, au niveau individuel, mettre fin à la pauvreté en Inde ou changer les structures sociales et économiques de ce pays ou de tout autre. L'Inde est un pays extrêmement pauvre avec un pourcentage très élevé de personnes souffrant de la faim.

 

Le voyageur est constamment confronté à un problème de conscience. Que faire lorsqu'un mendiant s'approche de vous et vous dit qu'il a faim? Et il vous suit sur votre chemin, et continue à vous dire qu'il a faim? Il a besoin de chapatis pour ses enfants. Et si cet homme ou cette femme, garçon ou fille, grand ou petit, était handicapé? Mutilé sans bras ni jambes et monté sur un bois à quatre roues? Et si une fille de pas plus de douze ou treize ans vous approche avec un enfant dans ses bras, elle, pieds nus, à la fois extrêmement sale et pleine de la misère la plus absolue, vous regarde dans les yeux et avec un Anglais dont vous tout juste comprenez, vous dit: s'il vous plaît, donnez-moi quelque chose pour mon bébé! En même temps, elle vous tend la main dans une attitude suppliant.

 

Ce problème prend de l'ampleur lorsque l'on se rend compte que dans ce pays, n'importe qui en Occident se sent opulemment riche. Mais vous savez que si vous faites l'acte de donner ouvertement, vous devez vous arrêter à en moment, car sinon, tout d'un coup, des centaines de mendiants s'approcheraient de vous et, à la longue, des milliers le feraient. Comme il s'agit d'un problème de conscience, ce doit être chacun, sur le plan personnel, qui cherche sa solution. C'est ainsi que le voyageur occidental est mis en doute; que peut-on faire quand on sait que de nombreuses personnes en Inde meurent de faim? Vous ne pouvez pas aider tout le monde. Vous ne pouvez pas changer personnellement l'Inde. Pouvez-vous commencer à donner jusqu'à ce que vous restiez comme eux? Jusqu'à ce que vous ayez épuisé toute votre richesse? Vous savez que vous n'êtes pas prêt à quitter votre système de vie, à abandonner tout ce que vous êtes et avez, car de plus, si vous le faisiez, vous ne résoudriez pas le problème. Est-ce suffisant pour apaiser l'angoisse de votre conscience de donner des pièces ici et là? Ou aurait-il mieux valu ne pas être allé en Inde pour ne pas voir ce spectacle effrayant? Et si vous voyez d’autres continuer leur chemin, ignorant ce qui se passe autour d’eux?

 

Les mendiants occupent une place à côté du donateur éventuel, une fois qu'ils ont atteint le premier tour. Si un mendiant demande l'aumône, il n'acceptera en aucun cas que quelqu'un d'autre s'approche pour prendre sa place ou ait simplement l'intention de partager le don éventuel. J'en ai vu se battre, toujours avec des mots et avec un certain dynamisme.

 

La terrible pauvreté en Inde exige des réflexions profondes qui, malheureusement, ne peuvent guérir les maladies de cette société. Et si ces réflexions m'amènent à comparer les inégalités sociales et humaines, je ne peux que frémir de mon impuissance à guérir ou à diminuer les différences entre les êtres humains.

 

La richesse et l'opulence des uns s'opposent aux misères et aux calamités des autres. Et si je laisse dériver mon imagination, elle revient effrayée par les images concrètes qui s'offrent à elle face aux grandes injustices du monde. Les grandes puissances économiques, les monarchies, les églises, entre autres, contrôlent le monde, chacune sur son propre territoire et se recoupant souvent dans leurs propres domaines. La richesse dans laquelle se meut l'Église catholique, la somptuosité et l'opulence qui se vit au Vatican avec toute la curie, l'arrogance des monarchies, et les grandes puissances économiques, les unes des autres, toujours fondés sur la force du plus fort, sont présentés comme les grands vices de l'être humain, de son imperfection et, finalement, de son désir de posséder. Et avec un esprit effrayé, je me sens impuissant face à ce monde pervers dont je fais partie.

 

 

 

Le Taj Mahal

 

L'Inde est, comme chacun sait, une terre de misère, mais c'est aussi un pays avec certains des plus beaux bâtiments que l'homme ait jamais pu créer. J'ai visité de nombreux bâtiments considérés comme des merveilles architecturales importantes, mais ce qui m'a le plus impressionné, c'est le Taj Mahal. Bien que je l'avais déjà vu sur des photographies et d'autres images, la vue directe du monument m'a fasciné. Ce mausolée est considéré comme l'une des merveilles du monde. C'est certainement l'une d'entre elles.

 

C'est le 4 janvier 2005, exactement quatre jours après mon débarquement en Inde, que j'ai pu franchir l'entrée de l'enceinte pour entrer, au milieu d'un grand nombre de visiteurs, dans cet espace, un espace, laissez-moi vous dire d'amour. Et assis sur le marbre froid, rapidement réchauffé par l'éclat du soleil, moi, spectateur de toute cette magnificence, j'ai vu parmi toute la génération de visiteurs et vêtu d'un sari bleue ultramarin moucheté de taches dorées, une Indienne qui excellait sur la blancheur du marbre. Elle a l'air heureuse, me dis-je d'une voix silencieuse. Et soudain, mon imagination stimulée par la douceur du moment, s'est enfuie il y a près de quatre siècles pour prévoir à quel point Mumtaz Mahal devrait être belle, et combien Sha Jahan devrait l'aimer, afin qu'elle puisse lui faire construire cette merveille qui, encore aujourd'hui et après des siècles, respire le souffle de l'amant.

 

Dès qu'il entre dans le parc, le visiteur revit le sentiment d'amour de Shah Jahan pour sa femme. Le Taj Mahal est la transformation en un joyau architectural de l'angoisse subie par la mort d'un être cher. Le Taj Mahal est un cri d'amour, un cri d'amour pur, transparent. Rabindranath Tagore lui-même, dans des vers de hautes inspirations, décrit la douleur du cœur de Shah Jahan traduite dans ce miracle architectural: tu savais, Empereur de l'Inde, Shah Jahan, que la vie, la jeunesse, la richesse ..... tout coule dans le cours des temps. Ton seul rêve était de préserver à jamais la douleur de ton cœur ...... sous la forme de ce Taj Mahal blanc resplendissant.

 

À l'intérieur et à l'extérieur du mausolée, pieds nus pour le respect qu'exige le lieu, le visiteur entoure et s'entoure à la fois de la blancheur du marbre chaud et froid que millions de visiteurs ont pu admirer au cours des derniers siècles; l’une des plus belles broderies en marbre que l’homme ait jamais pu tisser. La structure du mausolée, avec l'ensemble inclus, montre l'équilibre absolu que seule l'inspiration divine peut avoir construit.

 

Il semble peu probable que, sur un bâtiment de cette ampleur, travaillant des milliers de personnes pendant plus de vingt ans, il n'y ait pas eu de document écrit fiable sur l'auteur de l'œuvre, bien que, parmi certains noms, c'est celui de l'architecte turc Ustad Isa Afandi que l'on pense. En tout cas, le fait est que l'œuvre est un grand bijou de l'architecture universelle.

 

À peine mes mots peuvent exprimer les impressions vécues en face de ce bijou. L'équilibre des formes, l'harmonie parfaite de l'ensemble, y compris les espaces et les bâtiments extérieurs, font de cette œuvre une merveille difficile à surmonter, voire impossible, pour l'être humain. Indépendamment des études qui ont été faites au niveau compositionnel, analytique ou autre, quels que soient les éléments techniques et artisanaux qui ont rendu ce bâtiment possible, il y a quelque chose qui ne peut être valorisé que par les vibrations ressenties devant le mausolée; l'inspiration générée par une œuvre d'art n'est jamais valorisée par des paramètres techniques ou scientifiques.

 

Et sans vouloir dénaturer le charme éventuel que peuvent avoir mes impressions, la réflexion m'oblige à les soumettre à la rigueur de l'histoire. Seule une puissance forte et impériale a la capacité de créer des œuvres de cette magnificence. Shah Jahan était un musulman, ambitieux et un guerrier. Il se révolta contre son propre père et finalement, après sa mort, avec pas mal des luttes internes, se proclama empereur en 1628. En plus, la construction du Taj Mahal eut lieu alors que l'empereur était plongé dans des constantes guerres sanglantes contre les États voisins.

 

Esprit guerrier, ambition, sensibilité, fierté, passion du pouvoir et bien d'autres sont vertus ou défauts des êtres humains. Ces traits et d'autres peuvent être trouvés chez la même personne. La passion pour le pouvoir ne doit pas être exempte d'amour et de sensibilité. Le Taj Mahal a été créé en 1632 et l'ensemble avec les mosquées extérieures a été achevé vingt ans plus tard. Shah Jahan lui-même a été soumis par l'un de ses fils et relégué à Agra Fort, le palais résidentiel de l'empereur. Dans son confinement et depuis les fenêtres du fort d'Agra, Shah Jahan pouvait voir le Taj Mahal. De 1657, date de son enfermement, jusqu'à sa mort en 1666, combien de larmes l'amant a-t-il versé à la vue du mausolée? Depuis sa mort, un sarcophage, contenant ses restes, côtoie celui de son épouse Muntaz Mahal, le seul élément qui brise la symétrie parfaite de l'ensemble du bâtiment.

 

Aujourd'hui, 4 avril 2005, alors que j'écris mes impressions sur ce voyage, je dois avouer que je ressens une forte envie de me replonger dans ce pays. Un pays dont j'ai pu vivre pendant deux mois des aspects partiels, mais certainement significatifs. Je sais aussi que les désirs ne sont pas toujours réalisables. Je sais aussi que si nous décidons de le faire, nous pouvons réaliser ce que nous voulons.

 

L'Inde m'a permis de vivre des moments qui ont marqué intensément ma personne. Des moments qui, en plus de se battre constamment dans la mémoire, sont impossibles d'oublier. Des moments qui permettent des réflexions profondes sur l'être humain, la société et, surtout, l'individu lui-même.

Jordi Rodríguez-Amat

4 avril 2005

 

A pàgina inici À Centre d'Art Contemporain, Fondation Rodríguez-Amat